INSTRUMENTS

 

La musique afro-péruvienne est constituée d’un vaste répertoire, hérité de la culture afro-descendante populaire mais surtout en grande partie collectée et standardisée par les folkloristes liméniens des années 1950 et 1960. C’est aujourd’hui un vaste champ musical, fait de plusieurs styles emblématiques (festejo, landó, tondero, etc.) en partie standardisés mais pour autant ouverts aux innovations.

Nous avons fait le choix de parler de cette musique et de cette culture à partir de ses instruments. Le cajón, la quijada, la cajita, et le checo sont les véritables protagonistes de Ritmos Negros del Perú.

Le cajón est désormais un instrument mondial. Les percussionnistes, qui apprécient son transport aisé, son apparente simplicité, et la diversité de ses sonorités, l’intègrent à toutes les musiques. Mais, “le cajón est péruvien !“ nous répète-on à l’envi et il s’agit de le faire savoir ! Pour certains musiciens, les racines péruviennes, et à plus forte raison afro-péruviennnes, du cajón ont été occultées par son appropriation par le flamenco. Paco de Lucia, célèbre guitariste espagnol, a intégré le cajón dans sa musique suite à une tournée au Pérou, en 1977, où il reçoit son premier cajón des mains de Caitro Soto (l’interprète du titre “Toro Mata“, dans le générique du film). Sans aucune doute, le cajón est un véritable symbole culturel au Pérou : il dispose d’un festival qui lui est entièrement dédié (créé par Rafael Santa Cruz) et a été déclaré Patrimoine Culturel de la Nation en 2007.

Il en va de même pour la quijada et la cajita, avec le cajón, ils forment la trinité de l’instrumentation afro-péruvienne. Associés aux percussions afro-cubaines (congas, bongos, cloche), ils constituent une base rythmique à laquelle s’ajoutent les mélodies des guitares et des voix, les parties de guitare basse, de piano et les chœurs.

La fabrication de ces instruments, dans un esprit de récupération (mâchoire d’âne, tirelire d’église, récipient à grains…), retient immédiatement l’attention, tout comme les sonorités et l’énergie qui résultent de leur agencement. Le sous-titre du film “al son de la madera“ révèle quant à lui la place qu’occupe le bois (madera) dans les sonorités et l’âme de cette musique.

Enfin, le film prend le parti de commencer par l’expérience toute spécifique du Musée Afro-Péruvien de Zaña. Là-bas, dans ce petit village isolé aux allures d’Eden perdu, sont reconstruits, à partir de dessins du 19e siècle, des instruments afro-péruviens disparus. Grâce à la collaboration du Musée, nous avons pu capter le talent des jeunes de Zaña en enregistrant les démonstrations de chacun de ces instruments.

 


© 2014 Ritmos Negros del Peru : Al Son de la Madera